Ce reportage est le fruit de quelques semaines de travail dans les Andes du sud de l'Equateur. Alors photographe pour l'ONG Acción Ecológica, je me passionne pour les habitants de Rio Blanco.

Je m'intéresse plus particulièrement au processus de résistance que ces femmes et ces hommes ont entamé contre la mine chinoise qui s'est installé sur leur territoire. Entrée en phase d'exploitation d'or et d'argent en 2016, l'entreprise Ecuagoldmining a depuis ses débuts causé bon nombre de dommages à la communauté: divisions et affrontements au sein des villages et des familles, contamination de l'eau et des terres, apparition de nouvelles formes de maladie etc.

Lors de mon passage en 2018, les manifestations contre la mine ainsi que les affrontements entre opposants et soutiens à l'entreprise étaient à leur apogée. Ma première visite a été marquée par des séquestrations et incendies, de la part des résistants comme des mineurs. Des tensions qui ont légitimé la militarisation de la zone.

Très attachés à leur territoire et très organisés, ce sont finalement les opposants qui ont eu le dernier mot. Le 1er juin 2018, le juge de la Cour de justice régionale a ainsi proclamé la suspension des activités minières sur le territoire de Rio Blanco.


Ces photos ont fait l'objet de publications par l'agence d'information équatorienne TEGANTAI, dont la suivante: http://agenciaecologista.info/2018/05/16/multimedia-paramos-una-fuente-vida-al-asecho-minero/

La commune de Rio Blanco se trouve à la frontière du parc nacional Cajas, une zone naturelle de haute montagne qui se caractérise par une grande biodiversité et une richesse importante en eau. 

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Ce jour-là, les résistants s'en vont manifester devant les policiers postés à l'entrée de la mine. Cela fait déjà des semaines qu'ils bloquent la seule route qui mènent à la mine. Les ouvriers miniers ne peuvent donc plus aller travailler. 

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Les militaires sont trois-cents sur la zone. Leur présence a été largement renforcée alors que s'accentuaient les violences entre opposants et soutiens à la mine. 

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Les résistants alors en manifestation devant les militaires reprochent à ces derniers leur manque de patriotisme. On leurs crie régulièrement que s'ils se sentaient vraiment équatoriens alors ils arrêteraient de protéger les intérêts chinois et viendraient rejoindre leur lutte. 

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Les habitants de Rio Blanco sont devenus du jour au lendemain des militants. Alors qu'ils, elles, n'avaient jamais particulièrement pris part à des actions politiques, il fallait désormais agir, et vite, contre la contamination mais aussi pour le retour d'une certaine souveraineté locale. 

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Sonia habite dans le village de Santa Marta depuis toujours. Elle y fait ce que sa mère et sa grand-mère ont fait avant elle: elle cultive la terre, élève également quelques animaux et nourrit ainsi sa famille. Ce sont les tâches des femmes. Dans le village, tout le monde est presque autonome en nourriture et en eau. Mais ces dernières années ont également vu des changements importants: l'arrivée de la mine, de l'argent, des routes et de l'alcool. La nature, la vie de la communauté et plus particulièrement des femmes s'en trouvent menacées. 

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Tout cela a une influence très importante sur la vie des femmes de la communauté, dont Sonia fait partie. Dans un environnement contaminé, il faut en faire toujours plus: aller chercher l'eau plus loin, soigner les enfants malades etc. En outre, la militarisation et l'arrivée de l'alcool pèsent également sur l'existence des femmes. Les militaires ont la main lourde, les maris bourrés aussi. 

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Cette image avec la fissure en arrière plan représente bien à mon goût les divisions communautaires. Le visage triste de cette vieille femme me laisse aussi imaginer son regard sur les choses: elle voit ses progénitures se disputer l'avenir de la communauté et menacer l'unité, la paix et la nature dans laquelle elle vivait jusqu'ici. 

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